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2015-2016 : Mondes arabes

Morad Montazami est historien de l’art et curator pour le Moyen-Orient et le Maghreb à la Tate Modern (soutenu par Iran Heritage Foundation). Rédacteur en chef de la revue Zamân (zaman-paper.com) et directeur des éditions Zamân Books, il fut également co-commissaire d’exposition de UNEDITED HISTORY : IRAN 1960-2014 au Musée d’art moderne de la ville de Paris en et au MAXXI de Rome (2014-2015) et de Behjat Sadr : Trace Through The Black, galeries Ab/anbar et Aria, Téhéran (2016)

Jeudi 7 avril 2016, 13h30-15h30, salle de l’IHMC (45 rue d’Ulm, escalier D, 3e étage).

L’hypothèse n’est pas nouvelle, bien que soumise à cautions diverses, selon laquelle les grandes figures de l’avant-garde européenne (Henri Matisse, Paul Klee, Wassily Kandinsky), non contentes d’avoir subi l’énorme influence des arts islamiques et des arts décoratifs issus d’autres civilisations telles que l’Iran ou l’Egypte, y auraient puisé ni plus ni moins que les ressorts de « l’abstraction ». L’hypothèse de la co-écriture d’un langage moderniste entre l’Orient et l’Occident est aussi intangible que révélatrice de mondes possibles dans une Histoire multi-vernaculaire où la Méditerrané, mais aussi la route de la Soie, jouent un rôle de pourvoyeurs de formes, de concepts et d’auteurs.

En peinture, on se définit aussi par ses prises de positions à l’écrit, voire même par sa bibliothèque. Celle de Hamed Abdalla (1917-1985), peintre égyptien et cosmopolite, a le mérite de s’aventurer dans les questionnements suscités ; par son simple contenu, son périmètre de savoir, mais aussi son paratexte (ses annotations, ses photocopies, ses documents agrafés, ses correspondances consignées…). Se manifeste en définitive le texte « Abdalla », à travers le corps même du peintre, s’illustrant de par ses écrits et ses lectures, telles des constellations de savoirs anachroniques et digressives : la bibliothèque-archive de Hamed Abdalla traverse et combine l’antiquité, les avant-gardes européennes (mais aussi les écrits de Herbert Read ou Roger Fry qui y tiennent un rôle tout particulier), l’art moderne des pays arabes ou méditerranéens, l’histoire des Indépendances postcoloniales… tissant par conséquent ses propres réseaux esthétiques, parentés formelles et généalogies transculturelles.

Nous proposerons une lecture aussi perçante que possible de cette bibliothèque d’artiste dont les prises de position semblent exemplaires d’un contexte intellectuel, voire d’une histoire de l’art, plus larges, et surtout méconnus . Ce faisant nous espérons toucher au désir qui fut probablement celui d’Abdalla, de se réinventer, entre les lignes du modernisme.

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